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Au Royaume-Uni, le modèle multiculturel a résisté aux émeutes d’extrême droite

Des « voyous d’extrême droite » qui ne déploient que de la « pure violence » et vont « regretter d’avoir pris part » aux émeutes ou d’avoir attisé la haine raciale et anti-musulmans en ligne. C’est ainsi que le premier ministre britannique, Keir Starmer, a qualifié celles et surtout ceux qui, début août, de Southport à Bristol en passant par Belfast, ont jeté des briques sur la police, des mosquées ou même tenté d’embraser des hébergements d’urgence de migrants. Le travailliste a refusé d’esquisser des explications à ces explosions de colère, écartant tout ce qui pouvait ressembler à un début de justification de la violence. Elles ont été attisées par des groupuscules et des activistes d’extrême droite, qui ont propagé la fausse information selon laquelle le meurtre de trois fillettes à Southport (nord-est de l’Angleterre) avait été commis par un migrant de confession musulmane.
La réponse du dirigeant aux émeutes a, jusqu’à présent, été exclusivement judiciaire : les arrestations ont été massives (plus d’un millier), la justice prompte et particulièrement sévère : des centaines de personnes sont déjà passées devant un juge, dont une majorité a été condamnée à des peines de prison. M. Starmer a choisi la même stratégie de la dissuasion que lors des émeutes de 2011 à Londres, quand il était directeur des poursuites judiciaires publiques.
Les violences ont pourtant éclaté dans des villes parmi les plus pauvres du pays comme Hartlepool, Middlesbrough, Rotherham, dans le nord de l’Angleterre, où les populations expriment un manque de confiance dans les partis de gouvernement après des décennies de dégradation de leur niveau de vie. Ces localités comptent par ailleurs davantage d’hébergements d’urgence de migrants que la riche Angleterre du Sud, car les loyers y sont moins élevés.
Pourtant, la ligne de Keir Starmer a fait consensus et ni la gauche ni la droite ne questionnent le modèle multiculturel national ou l’assimilation des Britanniques musulmans aux valeurs nationales. Certes, Nigel Farage, le chef de file du parti populiste Reform UK, a qualifié des heurts à Leeds de « politique du sous-continent [indien] ». Mais seule l’extrême droite extraparlementaire, en particulier sa principale figure, Tommy Robinson, tient le multiculturalisme et l’islam pour responsables de tous les maux d’une classe populaire blanche au fort sentiment de déclassement.
« Le fait que la société britannique soit multiethnique est considéré comme un acquis. Les gens ne le questionnent pas, ils en sont même fiers, c’est ce que montrent nos sondages. Seules 7 % des personnes interrogées [dans un sondage réalisé le 9 août] pendant les émeutes disaient leur honte de vivre dans un pays multiethnique, contre 48 % qui se disaient fières, et 45 % qui étaient sans opinion », souligne Luke Tryl, directeur du cercle de réflexion More in Common UK. Au début des années 2010, David Cameron, alors premier ministre [2010-2016], avait évoqué les « échecs » du multiculturalisme. Le dirigeant travailliste Tony Blair [1997-2007], après les attentats dans le métro londonien en 2005, insistait, lui aussi, sur la nécessité, pour toute la population du pays, de partager les « valeurs britanniques » ou occidentales.
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